RDC : un nouveau regard sur l’agriculture comme moteur de croissance (Analyse)
L’agriculture en République Démocratique du Congo (RDC) est un pilier fondamental de l’économie. Elle offre des perspectives de développement considérables. Ce secteur est crucial pour de nombreux pays en développement, notamment en Afrique, où une large part de la population en dépend pour sa subsistance. Malgré son importance vitale, l’agriculture en RDC est souvent négligée et sous-évaluée, principalement en raison des défis liés à la commercialisation des produits.
Ce secteur joue un rôle majeur dans la création d’emplois, non seulement directement dans les exploitations agricoles, mais aussi dans des secteurs connexes tels que le transport, la transformation et la commercialisation des produits. Il contribue également de manière significative au produit intérieur brut national, aide à stabiliser l’alimentation et réduit la pauvreté. En outre, l’agriculture durable peut jouer un rôle important dans la gestion des défis environnementaux actuels en favorisant des pratiques respectueuses de l’environnement et en préservant les ressources naturelles.
Investir dans l’agriculture pourrait stimuler la croissance économique, améliorer les conditions de vie des populations rurales et renforcer l’autosuffisance alimentaire. Des programmes de formation pour les agriculteurs peuvent améliorer les rendements et la qualité des produits, tandis que des investissements dans les infrastructures rurales comme les routes, l’irrigation et le stockage faciliteraient l’accès aux marchés.
Cependant, ce secteur souffre d’un manque de valorisation. L’un des principaux problèmes est l’absence de marchés structurés et accessibles pour écouler les produits agricoles. En territoire de Mahagi, au nord-est de la RDC, les agriculteurs se retrouvent souvent contraints de vendre leurs récoltes à des prix dérisoires pendant les périodes de surplus. Par exemple, 10 kg de haricots se vendent à environ 13 000 Francs congolais pendant la récolte, tandis que ce prix peut monter à 17 000 ou même 24 000 Francs congolais quelques mois plus tard.
Les agriculteurs doivent également faire face à divers défis tout au long du cycle de production. Ils rencontrent des problèmes d’accès aux intrants essentiels comme les semences et les engrais, utilisent souvent des techniques agricoles obsolètes et doivent gérer des infrastructures insuffisantes pour le stockage et le transport des produits. En outre, les fluctuations des prix sur les marchés locaux et internationaux créent une incertitude économique qui décourage les investissements dans le secteur.
Dans le village de YAU
en territoire de Mahagi, un agriculteur exprime ses regrets face à la baisse des prix, se demandant s’il vaut mieux vendre immédiatement ou conserver ses récoltes. Selon lui, l’agriculture se transforme en une activité de subsistance plutôt qu’en une véritable source de revenus économiques, principalement en raison du manque de marchés adéquats.
Pour que l’agriculture puisse pleinement jouer son rôle en tant que moteur économique, il est crucial de rehausser sa valorisation. Cela nécessite la création de marchés accessibles, la mise en place de politiques de soutien aux agriculteurs et l’amélioration des infrastructures. Les gouvernements, les organisations internationales et les acteurs privés doivent collaborer pour développer des chaînes de valeur agricoles robustes et durables, offrant ainsi aux agriculteurs des débouchés rentables pour leurs produits.
En somme, l’agriculture possède un potentiel immense pour dynamiser le développement économique et social. Pour réaliser ce potentiel, il est essentiel de surmonter les obstacles actuels et de créer un environnement propice à la prospérité des agriculteurs.
Samuel Munguromo